Hiro était allongé dans l’herbe de la légère pente entourant le terrain extérieur. Il s’était vite rendu compte que c’était un coin tranquille où quasi personne n’allait en dehors des heures de cours. Peut-être parce que le bâtiment sportif était un peu à l’écart de l’aile principale et que seuls les clubs sportifs en avaient réellement une utilité. Quoi qu’il en soit, dès qu’il faisait beau c’était un lieu exquis où aller somnoler. Ce qu’il faisait pour le moment en réfléchissant à tout ce qui était arrivé depuis son arrivée.

Bon il avait déjà rencontré plusieurs personnes, s’entendait bien avec nombre d’entre elles. Il suivait les cours comme il en avait l’habitude, en bavant sur sa table et empruntant les notes de quelques amis. On pouvait dire qu’il s’était bien intégré ! Que plus rien ici ne l’étonnait vraiment… Rien n’était plus faux.

Il y avait une chose à laquelle il ne s’habituait pas et qui était spécifique au pensionnat Hikage : le virus. Il en avait entendu parler peu après son arrivée. Il avait d’abord cru que c’était un canular, le genre de combine dans laquelle s’investissent tous les élèves pour se moquer gentiment des nouveaux et voir combien de temps ils allaient y croire. Sauf que le lendemain il avait croisé un kangourou et que plusieurs élèves lui disaient bonjour comme si de rien n’était. Et ce n’était que le premier exemple qu’il avait eu sous les yeux.

Il avait d’ailleurs eu droit à garder son surnom grâce à ce virus. Auparavant on le traitait de marmotte car il dormait la moitié de la journée dont en cours. Ici c’était d’abord ses colocataires et ensuite le reste de sa classe qui s’étaient passé le mot. Et pour une bonne raison, c’était son animal virus. Il n’y avait pas vraiment cru au départ, jusqu’à ce qu’on lui montre une photo d’une adorable petite boule de poil brune dans son lit. Il s’était endormi, transformé et ne s’en serait pas rendu compte si ses colocataires ne l’avaient pas prévenu. Il allait devoir rapidement suivre le cours de métamorphose s’il voulait éviter de se transformer au milieu de nulle part, certaines anecdotes racontaient comment tel ou tel élève s’était transformé au milieu d’un couloir avant de revenir à sa forme humaine à un autre endroit, et sans ses vêtements. Il préférait autant éviter qu’on se souvienne de lui comme cela.

C’est ce à quoi il pensait quand une ombre passa au-dessus de lui et cacha son soleil. Il pencha légèrement la tête et se contorsionna afin de voir qui se tenait au-dessus de lui… Une fille… Qui c’était ? D'un ton un peu hésitant il dit :

-Hello ?

Adélia grogna contre la prof, sa transformation fut si soudaine qu'elle n'eut pas le temps de sortir de la salle.
La prof de français l'avait trop titiller et Adelia s'était énervée mais cela engendra des douleurs aux jambes et des frissons dans le dos. Elle s'était levée brusquement et ses muscles s'étaient tendus et en une fraction de seconde la jeune fille avait laissé place à une lionne blanche. Un frisson lui parcourut l'échine quand elle vit que tous les regards étaient rivés sur elle, attirer l'attention était une chose qu'elle détestait. La lionne s'avança dans l'allée de tables et alla vers la porte car étant transformée elle devait aller à l'infirmerie pour se calmer.

Une fois devant la porte elle jeta un dernier coup d’œil à l'assemblée qui la fixait et soudain elle rugit. Tous sursautèrent sur leur chaise et cela l'amusa, Adélia sortit et soupira mais elle n'alla pas voir l'infirmière. Elle marcha doucement et calmement dans les couloirs et croisa plusieurs autres étudiants qui eux aussi avaient laisser leur instinct animal prendre le dessus. Elle passa par sa chambre pour redevenir humaine et mit son uniforme de rechange. Elle attacha ses cheveux écarlate en une queue de cheval et sortit pour prendre l'air.

Ses pas la guidèrent jusqu'au terrain de sport extérieur, elle n'avait jamais vu cet endroit et profita de ce temps libre pour aller voir. Le vent se leva et fit flotter ses cheveux. Arrivant près d'un arbre elle leva les yeux vers son feuillage et trouva parmi ses branches un espace où le soleil filtré à travers les feuilles se posait sur l'écorce. Adelia sourit et grimpa dans l'arbre et se mit sur la branche ensoleillée. Elle s'y adossa et ferma les yeux laissant la chaleur des rayons du soleil réchauffer sa peau.

Quelques instants plus tard elle sortit de sa torpeur réveillée par des pas, elle ouvrit les yeux et baissa le regard. Elle vit soudain une personne assise contre l'arbre dans lequel elle était perchée, elle se raidit et voulut descendre pour s'en aller mais elle avait qu'une issue. Elle sauta de l'arbre en silence mais elle dut s'appuyer contre le tronc pour ne pas tomber sur la personne qui était un garçon. Elle le fixa longuement jusqu'à ce qu'il ouvre les yeux, elle ne répondit pas à son "hello" et resta silencieuse.

Bon pas très causante la fille… Elle le regardait avec un air étrange. Pas froid mais pas amical non plus, plutôt neutre en fait… Oui, le genre de regard que vous jetez à un insecte qui croiserait votre chemin. Il ne vous intéresse pas et vous le fixez à peine une seconde comme s’il n’était pas là ou n’existait pas. C’était… dérangeant. Si elle ne voulait pas parler, il n’allait pas se priver. Etant très bien allongé où il était, il n’avait aucune envie de bouger. Mais le fait qu’elle lui fasse de l’ombre et le regarde ainsi sans piper mot n’était pas vraiment la meilleure solution pour le mettre à l’aise ce qui gâchait cette séance de Farniente. Il patienta quelques secondes mais comme elle ne semblait pas avoir envie de repartir, il lui dit :

-Hep, tu me fais de l’ombre !

Cela aurait bien évidemment pu être mal pris, mais il lui lançait en même temps un sourire amical qui enlevait à sa phrase toute animosité pour la transformer en une simple remarque amusée. Tapotant d’une main l’espace à côté de lui, il ajouta :

-Il y a assez de place pour plusieurs personnes, tu peux t’asseoir ou t’allonger tu sais !

En fait il y avait assez de place pour que plusieurs classes s’installent sans aucun problème. Cela devait être le cas lors des journées sportives ou fêtes du pensionnat. On pouvait venir ici prendre son repas tranquillement, une sorte de pique-nique improvisé. Ou alors en amoureux, lorsque le crépuscule colore la nuit d’orange et de mauve, que tout s’assombrit peu à peu et qu’on attend les feux d’artifice de l’été. Oui il rêvait un peu mais bon, Hiro c’est un grand idéaliste avec une âme de poète. Mais l’idée de venir ici regarder les feux d’artifice était à retenir.

Tout en conservant son sourire, il la détailla. Bon il la voyait à l’envers puisqu’elle le regardait de haut –et qu’il était allongé à ses pieds- et qu’elle le dominait en haut de la pente douce des bords du terrain extérieur mais cela ne l’empêchait pas de la contempler. Une taille fine et élancée, vêtue de l’uniforme du pensionnat, rien de particulièrement spécifique excepté ses longs cheveux écarlates qui détonnaient et ses yeux bleus, formant un magnifique contraste à la couleur vive encadrant son visage. A côté il devait avoir l’air plutôt banal, mais il n’avait rien de particulier après tout, habillé de son uniforme. Si ce n’est son écharpe qu’il gardait tout le temps sur lui, il n’avait rien dont on se souvienne longuement après l’avoir vu.

Adélia pensait pouvoir dormir tranquillement mais comme à chaque fois elle fut dérangée enfin pas vraiment mais savoir que quelqu'un était allongé pas loin d'elle ne lui plaisait pas du tout.

Elle continuait de fixer l'inconnu un moment, il était pas très grand et n'avait rien de très particulier mais Adélia le scrutait sans en perdre une miette. Elle remarqua plusieurs point qui le rendait différent des autres, il avait une boucle d'oreille, une écharpe alors qu'il faisait grand soleil et une marque violette sur son avant-bras. Elle fut intriguée par cette marque et s'accroupit près de lui et fixa son bras. Adélia se rendit compte de ce qu'elle était entrain de faire et se releva d'un geste vif et fit demi-tour s'éloignant sans un mot.

Adélia ne savait pas quoi faire ou dire mais elle avait promis de faire des efforts par rapport aux autres mais se fut plus dur qu'elle n'y croyait.

La jeune femme grimaça légèrement. Quoi elle ne voulait pas s'allonger ? Alors elle pouvait partir ! Cela l'agaçait un peu, qu'elle reste froide et muette alors qu'il tentait de se montrer sympathique et d'entamer la conversation le déconcertait. D'habitude les gens appréciaient qu'il fasse le premier pas pour se faire connaissance. Elle visible ment pas plus que cela. Soit elle était asociale soit elle avait fait vœu de silence, la deuxième possibilité était peu probable soit dit en passant.

Après un moment de silence, elle s'accroupit à côté de lui, visiblement focalisée sur quelque chose. Il avait crut un instant qu'elle voulait juste s'asseoir mais non, ill ui fallait se rendre à l'évidence elle détaillait un truc précis. Il suivit son regard et remarqua que sa manche s'était un peu relevé, découvrant la marque violacée de brûlure. Il eut une légère grimace. S'il y avait bien une chose qu'il n'aimait pas montrer, c'était cela. Cela lui rappelait de mauvais souvenirs et surtout on avait ensuite tendance à se montrer curieux, condescendant et autres réactions du même genre. Il n'avait envie ni de réconfort ni de pitié, il avait passé ce cap avec l'aide de ses parents et d'un bon psy. Il aurait préféré enterrer cela derrière lui mais c'était encore trop vif dans sa mémoire, il n'aimait pas ces marques, et pas qu'on les regarde. Témoignage inutile de ce qui lui était arrivé.

Se rendant peut-être compte que cela le mettait vraiment mal à l'aise ou simplement qu'il n'était pas très "poli" de dévisager ainsi son avant bras, la jeune femme se releva et repartit. Il se redressa à sa suite, ne sachant pas trop que faire. Il n'avait pas du tout envie de parler de cela, et qu'elle l'ait regardé ainsi le gênait. Mais il n'avait pas non plus envie qu'elle parte en se faisant des idées. Pas envie de la retenir mais pas envie non plus qu'elle s'éloigne. En fait il ne savait pas du tout ce qu'il voulait, elle avait joliment réussi à le laisser en pleine confusion rien qu'en regardant son bras, il avait fait le reste.

-Attends.

C'était tout ce qu'il trouva à dire. D'une voix dont il 'n'aurait su dire si elle était ferme et sèche ou si elle ressemblait plus à un appel désespéré... Un peu des deux sans doute. Pitoyable. Il pensait vraiment qu'il avait surmonté son traumatisme mais finalement la plaie était encore à vif... La cicatrice n'avait pas encore laissé place à une peau neuve... Pas tout à fait, et probablement jamais complètement.

Sa voix résonna dans sa tête et Adélia s'arrêta mais resta immobile, le vent se leva faisant voler ses cheveux écarlate. Elle leva les yeux vers le ciel bleu et soupira doucement comme si elle devait faire face à ses angoisses les plus profondes. Son passé etait si lourd et si douloureux qu'elle ne voyait pas la peine de soigner ses blessures, celles qui détruisaient peu à peu son coeur. Cependant quand elle revit le visage de sa mère si joyeux et si doux elle ne put s'empêcher de penser que oui peut être elle avait une chance et de respirer à nouveau.

Adélia dut faire un effort surhumain pour se retourner vers lui, cependant elle resta immobile à quelques mètres de lui. La peur qui la rongeait depuis des années lui dictait de fuir, partir loin mais elle ne l'écouta pas et resta clouée au sol. Elle voulait changer mais cela serai dur, très dur même et s'il faut en passer par là et elle le fera.
Elle adressa à l'inconnu un regard curieux car on lui demandait rarement de rester et cela l'intrigua. Elle scruta ses yeux essayant de comprendre mais elle n'y parvint pas, elle frissonna quand une rafale de vent vint balayer l'endroit où ils se trouvaient. Elle attendit qu'il s'exprime mais l'attente etait trop longue alors elle prit la parole bien que se fut très laborieux :

-Je suis désolée je ne voulais pas t'effrayer. Je m'appelle Adélia ....Adélia Ethana.

La jeune femme se retourna après son appel. Bon au moins elle ne l'avait pas ignoré, c'était un début. Elle aurait très bien pu continuer son chemin... Il y eut de nouveau un instant de silence plutôt pesant mais finalement elle prit -enfin- la parole d'une façon assez... particulière. On avait l'impression qu'elle n'avait aucune envie de lui parler et qu'elle se forçait pour faire bonne figure à lui répondre. C'était peut-être cela dans le fond...

Il secoua la tête en l'entendant s'excuser et se présenter. Un léger sourire revint sur ses lèvres. Après tout il était tout aussi coupable qu'elle si pas plus. Elle l'avait juste regardé d'une façon quelque peu insistante, rien de plus. C'est lui qui l'avait un peu mal pris quand elle avait plus attentivement observé ses brulures. Alors qu'il fallait bien qu'il le reconnaisse, c'était une réaction normale. On ne s'attendait pas à voir de telles marques sur son avant bras et elles attiraient le regard, et les questions. C'était surtout ces dernières qu'il craignait s'il engageait la conversation, cependant elle avait fait un visible effort pour lui parler, il en ferait un aussi pour cesser de se lamenter sur son sort et accepter ces cicatrices.

-Ce n'est rien, je suis aussi en tort... Je m'appelle Hiro Komage. Ravi de faire ta connaissance.

Des mots assez hypocrites, en vérité il n'en était pas plus ravi que cela étant donné les circonstances. En toute autre occasion son naturel enjoué et sympathique qui lui valait de se lier d'amitié si aisément aurait rendu ses mots vrais mais ici... Autant abandonner ces fausses marques de politesse et rester franc. Au final ce serait préférable.

Adélia le regarda attentivement et vit dans ses yeux quelque chose d'étrange et de troublant comme si ce sourire cachait quelque chose et elle voulut terriblement savoir ce que c'était. Elle s'avança vers lui doucement car elle devait lutter contre son instinct qui lui dictait de fuir. Soudain elle se figea car des voix se firent entendre et la peur traversa les yeux de la lionne, une classe était sur la piste de course et cela mit Adélia dans la crainte.
Elle ne supportait pas les autres et pourtant avant que la classe arrive elle n'avait fuit et était restée avec ce garçon. Elle se rappela son prénom et jeta un dernier coup d’œil aux étudiants qui étaient pourtant à une grande distance où Hiro et elle se trouvaient. Cependant le malaise resta logé dans son estomac, elle ne laissa pas paraitre sa vulnérabilité et alla s'asseoir à coté d'Hiro sans le regarder.
Assise en tailleur le dos tourné à la piste elle essaya d'oublier la présence des étudiants mais ce n'était pas une tâche aisée car ils faisaient un vacarme fous tel un troupeau de buffles. Les yeux rivés sur ses jambes elle engagea comme elle put la conversation :

- Je suis encore navrée si je n'est pas était très amicale mais je ne suis pas habituée qu'on m'adresse la parole si spontanément, j'ai plutôt tendance à faire fuir les gens.

Mais qu'est ce qui lui prenait de parler de telles choses à un inconnu, dévoilé ainsi la personne qu'elle était.

Bon, elle devait bien être asociale comme fille : dès qu’une classe s’était mise à bruyamment occuper le terrain elle avait eu un mouvement de recul. Elle aurait aussi pu être très timide mais vu son attitude tout de même volontaire, il excluait cette possibilité. Cela expliquait en même temps son comportement assez singulier malgré ses tentatives pour engager la conversation plus tôt. Il faut dire qu’on n’avait pas particulièrement envie de l’approcher quand on la voyait ainsi, elle avait un petit quelque chose de sauvage qui mettait mal à l’aise, cela n’encourageait pas.

Elle s’excusa à nouveau, Hiro grimaça légèrement en réponse. Bon il pouvait comprendre qu’elle ait été surprise par sa manière très ouverte de l’inviter à s’asseoir, et vu que ses excuses semblaient sincères, il pouvait faire un effort de son côté. Quoi qu’il en soit elle avait commencé à lui parler, autant qu’elle ne l’ait pas fait en vain. Voyant tout de même qu’elle n’était pas à l’aise et que les autres élèves se rapprochaient de plus en plus –et puis ils allaient aussi le déranger lui vu le bruit qu’ils faisaient- il lui proposa doucement :

-Si tu veux, on peut s’écarter un peu, je n’ai pas envie de devoir supporter le bruit qu’ils font. Dit-il en désignant d’un geste vague le groupe de coureur.

A elle d’accepter si elle acceptait de parler un peu plus longtemps avec lui. Il tentait de faire un effort et de la mettre un peu plus en confiance lui aussi, il espérait juste qu’elle allait accepter ce geste de réconciliation et en profiter pour faire plus ample connaissance. Comme si ce qui s’était passé ces cinq dernières minutes n’était jamais arrivé.

Adélia jeta un dernier coup d'oeil aux étudiants et un frisson la parcourut quand elle s'aperçut que quelques un regardaient dans leur direction et les dévisageaient. Elle tourna la tête et regarda ses mains comme si elle s'était fait prendre mais pourquoi ? Pourquoi réagissait elle d'une façon aussi étrange et aussi différente que d'habitude ?
Son coeur commença à battre fort dans sa poitrine comme si elle redoutait que quelque chose se passe.
Elle aurait pu fuir, prendre ses jambes à son cou et s'enfuir loin, ne plus avoir à supporter qui que se soit et pourtant elle restait là. Elle tourna la tête vers Hiro et le regarda sans le pour autant le dévisager, elle essayait de comprendre mais elle ne savait pas comment se comporter avec les autres mais elle fit un effort :

- D'accord ..... dit elle simplement

HRP:

Bon elle faisait un net effort, autant ne pas rendre les choses plus compliquées. Hiro se leva souplement et se dirigea un peu plus loin, derrière le gymnase jouxtant le terrain de sport. Ici ils seraient tranquilles. A moins bien sûr qu'une pauvre fille ait décidé de venir faire sa confession à quelqu'un à ce moment là, l'endroit avait tout à fait le profil pour servir à de telles choses, mais bon il en doutait, la plupart des classes avaient actuellement leur dernière heure de cours et il y avait un paquet d'endroits qui étaient plus sympathiques pour déclarer sa flamme.

Bref, il étaient à l'écart. Il y avait toujours un peu de gêne entre eux mais il ne savait pas comment la dissiper. Certes cela s'était nettement amélioré depuis quelques minutes, plus de regards investigateurs et de tension sous-jacente à cause de la présence d'autres élèves, mais toujours un contact très tendu. Cela pouvait très bien se passer, mais tout pouvait encore déraper et cette rencontre étrange partir en vrille. Au pire, il devrait éviter la jeune femme mais il avait envie de mieux la connaître, un besoin mystérieux de venir en aide ? Non pas vraiment, plutôt le simple fait qu'il était ouvert mais qu'elle avait fait sortir tout ce qui était distant en lui d'un regard pénétrant.

-Bon c'est plus calme ici. Dit-il avec un léger soupir en tournant la tête vers sa compagne.

S'il l'avait mieux connue il se serait assis dos contre le mur d'une manière détendue et décontractée mais il préférait rester debout. Autant ne pas la mettre mal à l'aise en ayant une attitude qui pouvait sembler nonchalante.

Adélia soupira de soulagement voyant que comme elle il ne supportait pas les regards curieux. Elle le suivit sans un mot se mettant derrière lui et fixa son dos, il marchait calmement alors qu'elle avançait nerveusement ne sachant pas qu'elle attitude adopter. C'était très rare que quelqu'un fasse attention à elle, Adélia avait toujours été seule sans faire confiance aux autres depuis sa douloureuse enfance, depuis que sa mère n'était plus de ce monde, Adélia vivait seule reculée sur elle même.
Ils arrivèrent à destination et elle se rendit compte qu'il avait bien choisi l'endroit, à croire qu'il y venait souvent. Elle vit qu'il restait debout et décida de détendre l'atmosphère pesante car c'était tout de même de sa faute si le silence était au rendez vous. Elle passa devant lui et marcha droit vers un morceau de mur au soleil.
Cela ne faisait pas longtemps qu' Adélia était accro à la chaleur, en fait c'était depuis qu'une partie d'elle était devenue, une lionne.
Elle se laissa glisser le long du mur chauffé par les rayons de l'astre, la jeune étudiante ramena ses jambes contre elle et le regarda :

" - Viens, je ne mords pas même si j'en ai l'impression" elle esquissa un doux sourire " - Je voudrai encore m'excuser pour mon comportement mais vois tu je n'ai pas l'habitude des .......que l'on m'adresse la parole."

Il avait peut-être eu un peu de réserve à s'asseoir contre le mur, mais Adélia n'en avait aucune. Peut-être que comme lui elle préférait être ainsi ? Quoi qu'il en soit, cela ne gêna nullement Hiro, bien au contraire. Il s'assit à deux pas d'elle, remarquant en passant qu'elle s'était placée dans l'angle idéal pour profiter des rayons du soleil. Pas bête. Cette rencontre qui avait commencé assez abruptement s'améliorait de minute en minute.

En plus elle avait de l'humour. Dire qu'elle ne mordait pas... c'était exactement le même genre de phrase qu'Hiro aurait dit s'il avait été à sa place. Elle tentait de détendre l'atmosphère elle aussi, il n'allait pas laisser passer cette occasion. Donc elle n'était pas trop sociable ? Farouche plutôt, elle devait être un peu du genre solitaire. Mais bon elle faisait un effort ! A son tour.

"-C'est déjà oublié." répondit-il avec un sourire, "Tu es un peu... farouche non ? Moi c'est l'exact opposé..."

Il s'étira légèrement en levant les bras au ciel, bien plus détendu et à l'aise qu'auparavant. Ensuite il continua :

"-Je pense qu'on sera tranquille pour un moment, le gymnase est à lui seul assez écarté du pensionnat."

Excepté la classe qui avait sport sur le terrain à côté mais dès qu'ils auraient terminé ils fileraient pour pouvoir profiter du reste de la journée. Hiro était prêt à parier qu'aucun ne pointerait son nez par ici.

Adélia fut un peu surprise c'est vrai qu'il vienne s 'asseoir à côté d'elle, bon d 'accord il n'était pas si prêt mais au moins il ne lui tournait plus le dos. Elle sentit ses muscles qui se détendirent grâce à la douce chaleur de l'astre, quand Hiro lui répondit elle le regarda attentivement. Elle esquissa un sourire quand il la qualifia de quelqu'un de farouche, en même temps il n'avait pas vraiment tord. Aux premiers abords Adélia pouvait paraître froide et parfois même glaciale mais au fond elle avait besoin d'aide. Malheureusement cela elle ne s'en était rendue compte bien trop tard, son passé l'avait aveuglé trop longtemps.
Elle voulait oublier le passé et aller de l'avant mais les efforts pour y arriver étaient insurmontables pour la jeune étudiante qui avait vécu seule, cependant elle souffrait de cette solitude.

Elle secoua la tête pour chasser ces sombres pensées et se concentra sur Hiro, bon il fallait l'admettre il avait un certain charme mais Adélia ne se laissait pas aussi facilement avoir. Elle voyait bien qu'elle l'avait mis mal à l'aise en se comportant ainsi et elle s'en voulait car ce n'était pas son but mais ça elle avait du mal à l'admettre. Elle continuait de le regarder quand ses yeux se posèrent sur son bras, elle se rappela de ce qu'elle avait vu tout à l'heure, des traces de brûlures. Comment s'était il fait cela ? Elle releva les yeux vers lui mais ne dit rien, elle se doutait qu'il n'aimerait surement pas en parler, ça elle savait ce que c'était de cacher quelque chose.

Elle sourit légèrement et demanda : " Tu n'as pas chaud avec ton écharpe ?"

Bien, elle était moins sur la défensive. Son attitude amicale avait réussi à faire fondre l’iceberg ? Naon, pas vraiment, c’était plutôt qu’il avait insisté pour qu’elle lui réponde et qu’elle avait accepté gracieusement de cesser son mutisme devant ses tentatives répétées d’entamer une conversation. Cela plus le fait qu’il avait tenté de la mettre à l’aise, les avoir conduit plus à l’écart avait d’ailleurs été une bonne idée.
 
Jetant un coup d’œil à sa voisine, il remarqua qu’il s’était assis assez prêt. La distance qu’on prend lorsqu’on est ami avec quelqu’un. Généralement, inconsciemment on prend plus de distance quand on s’assied à côté d’un parfait inconnu mais avec Hiro c’était… compliqué. Il considérait déjà quasi tout le monde comme un futur-copain, tenait absolument à faire connaissance avec toutes les personnes qu’il n’avait jamais vues et son caractère aidait fort. Alors évidemment il se montrait vite fort proche, notamment par de petits gestes comme celui-là. Le problème c’est que les autres personnes n’étaient pas toutes comme lui et que cela pouvait les gêner. Surtout qu’Adélia avait un caractère fort opposé au sien, alors être aussi proche risquait de la mettre mal à l’aise ! Zut… Mais se relever et s’écarter maintenant serait encore pire.
 
Après sa question, il porta une main à son écharpe et jeta un regard dessus. Il était tellement habitué à la porter qu’il n’y faisait même plus attention… C’est vrai que cela pouvait paraître étrange, surtout un beau jour ensoleillé comme celui-ci et quand les températures étaient fort clémentes. D’un ton léger, il lui répondit :
 
« Elle est plus légère qu’elle n’en a l’air. Je ne m’en sépare quasi jamais alors je pense que je me suis habitué à la porter par tous les temps… Je sais c’est un peu bizarre. » termina-t’il avec une grimace.
 
Il espérait réussir à faire cesser ses réactions farouches à son égard. Depuis qu’elle était assisse au soleil, il notait une sensible amélioration. Peut-être parce qu’ils étaient aussi plus à l’écart et qu’elle pouvait être plus naturelle maintenant qu’on ne la regardait plus.